Le classement des vins de Bordeaux
Environ 7 000 crus répartis sur plus de 100 000 hectares nécessitent quelques explications pour éclairer l’amateur.
Les appellations
Tout d’abord, il faut distinguer « classement » et « appellation ».
Les 57 appellations du vignoble bordelais sont réparties en 3 grandes familles d’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) qui déterminent l’aire de production. Ces AOC sont aussi destinées à garantir au consommateur un produit de qualité ayant sa personnalité.
A noter que l’aire d’appellation est le territoire exclusif et strictement délimité sur lequel doivent être situées les vignes pour que le vin puisse revendiquer l’AOC.
Nous distinguons les appellations dites « régionales » qui correspondent aux frontières administratives du département : Bordeaux rouge, Bordeaux blanc, Bordeaux rosé, Bordeaux clairet et, selon certaines conditions de production, le Bordeaux Supérieur rouge ou blanc.
Viennent ensuite les appellations « sous-régionales » qui évoquent un pays comme l’Entre-Deux-Mers, les Graves, le Médoc ou encore un canton comme les Côtes de Blaye.
Certains propriétaires ayant souhaité s’individualiser, sont alors apparues les appellations « communales » qui font référence aux communes de production, telles Margaux, Saint-Estèphe, Pauillac, Sauternes, Barsac, Pomerol, ou encore Saint-Emilion. Cette dernière appellation regroupant même plusieurs communes.
Après plusieurs lois et quelques évolutions, c’est le décret-loi de juillet 1935 qui a aboutit à la création de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) qui définit, en accord avec les Syndicats viticoles, les conditions de production des diverses appellations : cépage, méthode de culture, densité de plantation, rendement, degré alcoolique…
Les AOC ont encore évolué ces dernières années avec l’adoption de nouvelles appellations « Saint-Emilion » et « Saint-Emilion Grand Cru » en 1984, ainsi que l’appellation « Pessac-Léognan » en 1987.
Le classement de 1855
Avant de parler des différents classements des vins de Bordeaux, il faut noter qu’il n’existe aucun classement des diverses A.O.C. entre elles, mais seulement des classements effectués au sein d’une même sous-région, voire d’une même appellation.
D’autre part, les critères qui interviennent dans les classifications de vins sont à la fois nombreux (qualité intrinsèque du vin, millésimes présentés, notoriété du Cru, notoriété du propriétaire, …) et subjectifs, tout comme l’est la dégustation, et font que les classements existants sont souvent contestés.
Réalisé par la Chambre des Courtiers de Bordeaux à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris en 1855, à la demande de Napoléon III, ce classement dresse un palmarès « officiel » en fonction de la qualité des productions, en instaurant ainsi une hiérarchie entre les différents crus. Ce qui, bien entendu, influence directement la notoriété des propriétés ainsi que leur valeur financière. Ce classement se divise alors en 5 catégories pour les vins rouges (premier, second, troisième, quatrième et cinquième Crus Classés) et en 3 catégories pour les vins blancs liquoreux (premier et second Crus Classés, ainsi qu’un Premier Cru Supérieur).
A noter que les vins de Pomerol ne font l’objet d’aucun classement.
Le classement des Graves
Etabli en 1953 et modifié en 1959 par l’INAO, ce classement regroupe 16 Crus distingués soit pour le vin rouge, soit pour le vin blanc sec, parfois pour les deux. A ce jour, l’appellation Pessac-Léognan recouvre la totalité des Crus Classés des Graves.
Le classement de Saint-Emilion
Les vins de Saint-Emilion bénéficient de deux AOC : Saint-Emilion et Saint-Emilion Grand Cru. Au sein de cette dernière a été institué, à la demande du Syndicat Viticole, en accord avec l’INAO, un classement en Grand Cru Classé et en Premier Grand Cru Classé (décret de 1954). Ce classement est révisable tous les dix ans, il regroupe actuellement 15 Premiers Grands Crus Classés et 46 Grands Crus Classés. Le dernier classement date de 2006.
Le classement des Médoc
Créé en 1855 et revu en 1973, le classement répertorie 60 Crus Classés auxquels ont été ajoutés les Crus Bourgeois et les Crus Artisans.
Le Cru Bourgeois est né au 17ème siècle, c’est le nom donné aux productions des bourgeois bordelais de l’époque qui avaient alors planté de la vigne dans le Médoc.
Officialisé en 1932 pour valoriser les Crus de grande qualité ne figurant pas dans les Crus Classés, le classement des Crus Bourgeois a été relancé en 1962 avec la création du Syndicat des Crus Bourgeois du Médoc qui a établi un classement officiel (arrêté spécifique en 2000) révisé en 2003. Trois dénominations sont possibles : Cru Bourgeois, Cru Bourgeois Supérieur et Cru Bourgeois Exceptionnel.
Le classement des Crus Artisans concerne les petites propriétés (les propriétés en Cru Bourgeois doivent s’étendre sur au moins 7 hectares) regroupées au sein du Syndicat des Crus Artisans du Médoc. Ce classement a été reconnu officiellement en 1994.
Le classement des Liquoreux
Les Sauternes et les Barsac font également l’objet d’un classement depuis 1855. A ce jour, sont répertoriés 1 Premier Cru Supérieur, 11 Premiers Crus, et 14 Seconds Crus.